11-24. Il s’agit aujourd’hui de fautes moins lourdes. Si le coupable était un autre que lui, on l’aurait traîné devant le Censeur des moeurs. Mais ce qui serait une honte chez des hommes de bien, Titius ou Séius, est chez Crispinus une jolie peccadille. Qu’y puis-je, si le personnage est pire que le pire des crimes ? Pour un mulet, il a déboursé six mille sesterces ; c’était un poisson de six livres, à en croire les gens qui savent enfler l’extraordinaire. Je l’approuverais, s’il avait voulu faire ce cadeau pour être inscrit en tête sur le testament d’un vieillard sans enfants, ou s’il avait fait porter la bête chez telle riche matrone qui se promène en litière fermée de vitres. Mais non, il a acheté le mulet pour lui-même. Que de folies il nous faut voir, que n’a jamais faites le pauvre, le frugal Apicius. Et c’est toi qui les fais, Crispinus, toi qui jadis t’habillais de ces vêtements de papyrus qu’on fabrique dans ton pays ?
lundi 8 novembre 2010
Voici encore une fois Crispinus ; j’aurai à le faire souvent comparaître, ce monstre qui a tous les vices et pas une vertu, ce débile qui ne montre de vigueur que dans la débauche, cet adultère qui ne dédaigne que les veuves. Peu importe que ses portiques soient assez vastes pour y fatiguer ses chevaux, qu’il se fasse porter en litière à l’ombre d’épaisses forêts, qu’il ait acheté près du forum palais et jardins ! Aucun méchant n’est heureux ; à plus forte raison un suborneur qui est en même temps sacrilège, avec qui naguère couchait une Vestale qu’il exposa donc à être enterrée vivante.
dimanche 7 novembre 2010
Le vent avait chassé la pluie aux larges gouttes,
Le soleil s'étalait, radieux, dans les airs,
Et les bois, secouant la fraîcheur de leurs voûtes,
Semblaient, par les vallons, plus touffus et plus verts !
Je montai jusqu'au temple accroché sur l'abîme ;
Un bonze m'accueillit, un bonze aux yeux baissés.
Là, dans les profondeurs de la raison sublime,
J'ai rompu le lien de mes désirs passés.
Nos deux voix se taisaient, à tout rendre inhabiles ;
J'écoutais les oiseaux fuir dans l'immensité ;
Je regardais les fleurs, comme nous immobiles,
Et mon coeur comprenait la grande vérité !
Le soleil s'étalait, radieux, dans les airs,
Et les bois, secouant la fraîcheur de leurs voûtes,
Semblaient, par les vallons, plus touffus et plus verts !
Je montai jusqu'au temple accroché sur l'abîme ;
Un bonze m'accueillit, un bonze aux yeux baissés.
Là, dans les profondeurs de la raison sublime,
J'ai rompu le lien de mes désirs passés.
Nos deux voix se taisaient, à tout rendre inhabiles ;
J'écoutais les oiseaux fuir dans l'immensité ;
Je regardais les fleurs, comme nous immobiles,
Et mon coeur comprenait la grande vérité !
mardi 2 novembre 2010
Mes deux frères et moi, nous étions tout enfants.
Notre mère disait: jouez, mais je défends
Qu'on marche dans les fleurs et qu'on monte aux échelles.
Abel était l'aîné, j'étais le plus petit.
Nous mangions notre pain de si bon appétit,
Que les femmes riaient quand nous passions près d'elles.
Nous montions pour jouer au grenier du couvent.
Et là, tout en jouant, nous regardions souvent
Sur le haut d'une armoire un livre inaccessible.
Nous grimpâmes un jour jusqu'à ce livre noir ;
Je ne sais pas comment nous fimes pour l'avoir,
Mais je me souviens bien que c'était une Bible.
Ce vieux livre sentait une odeur d'encensoir.
Nous allâmes ravis dans un coin nous asseoir.
Des estampes partout ! quel bonheur ! quel délire!
Nous l'ouvrîmes alors tout grand sur nos genoux,
Et dès le premier mot il nous parut si doux
Qu'oubliant de jouer, nous nous mîmes à lire.
Nous lûmes tous les trois ainsi, tout le matin,
Joseph, Ruth et Booz, le bon Samaritain,
Et, toujours plus charmés, le soir nous le relûmes.
Tels des enfants, s'ils ont pris un oiseau des cieux,
S'appellent en riant et s'étonnent, joyeux,
De sentir dans leur main la douceur de ses plumes.
Notre mère disait: jouez, mais je défends
Qu'on marche dans les fleurs et qu'on monte aux échelles.
Abel était l'aîné, j'étais le plus petit.
Nous mangions notre pain de si bon appétit,
Que les femmes riaient quand nous passions près d'elles.
Nous montions pour jouer au grenier du couvent.
Et là, tout en jouant, nous regardions souvent
Sur le haut d'une armoire un livre inaccessible.
Nous grimpâmes un jour jusqu'à ce livre noir ;
Je ne sais pas comment nous fimes pour l'avoir,
Mais je me souviens bien que c'était une Bible.
Ce vieux livre sentait une odeur d'encensoir.
Nous allâmes ravis dans un coin nous asseoir.
Des estampes partout ! quel bonheur ! quel délire!
Nous l'ouvrîmes alors tout grand sur nos genoux,
Et dès le premier mot il nous parut si doux
Qu'oubliant de jouer, nous nous mîmes à lire.
Nous lûmes tous les trois ainsi, tout le matin,
Joseph, Ruth et Booz, le bon Samaritain,
Et, toujours plus charmés, le soir nous le relûmes.
Tels des enfants, s'ils ont pris un oiseau des cieux,
S'appellent en riant et s'étonnent, joyeux,
De sentir dans leur main la douceur de ses plumes.
vendredi 29 octobre 2010
Ce que l'on ne sait pas on ne peut l'oublier.
Dans la dorure ambrée d'une nuit silencieuse, branches doucement agitées d'un vent chaud, venu de la mer, le son des sirènes peut-être ou un écho du passé revient à moi comme un souffle - écho sinistre, pleurs mélancolique, amertume douceâtre. Je frissonne malgré la chaleur.
Si j'avance - pourquoi ? Mes jambes pesantes comme du plomb, je n'ai pas envie. La lumière de la lune m'effraie, tandis que les chiens sinistres se mettent à aboyer.
J'aurai voulu - je l'aurais, oh oui ! voulu. Est-il trop tard ?
Pour songer à des chemins autres, plus tortueux ; plus difficiles ? qui mènent à des chambres d'ombres, avec des rideaux indiens et des bibelots rapportés des voyages ; sans les commodités toutes proches, la cuisine et les bains ; l'ombre s'étendrait, sans le secours mièvre d'une technologie sournoise ; la solitude aussi, peut-être ; où sont les vraies gens ? Existent-ils ? les aurais-je trouvé ? L'eut-il fallu ?
Ces chemins. Aussi de vieilles rues de capitales européennes. Des discussions enflammées. Les discussions s'enflamment-elles ?
Il n'en est rien. Tout cela, fantaisies charmantes, amères pourtant, grinçantes. Retour. Stop.
Dans la dorure ambrée d'une nuit silencieuse, branches doucement agitées d'un vent chaud, venu de la mer, le son des sirènes peut-être ou un écho du passé revient à moi comme un souffle - écho sinistre, pleurs mélancolique, amertume douceâtre. Je frissonne malgré la chaleur.
Si j'avance - pourquoi ? Mes jambes pesantes comme du plomb, je n'ai pas envie. La lumière de la lune m'effraie, tandis que les chiens sinistres se mettent à aboyer.
J'aurai voulu - je l'aurais, oh oui ! voulu. Est-il trop tard ?
Pour songer à des chemins autres, plus tortueux ; plus difficiles ? qui mènent à des chambres d'ombres, avec des rideaux indiens et des bibelots rapportés des voyages ; sans les commodités toutes proches, la cuisine et les bains ; l'ombre s'étendrait, sans le secours mièvre d'une technologie sournoise ; la solitude aussi, peut-être ; où sont les vraies gens ? Existent-ils ? les aurais-je trouvé ? L'eut-il fallu ?
Ces chemins. Aussi de vieilles rues de capitales européennes. Des discussions enflammées. Les discussions s'enflamment-elles ?
Il n'en est rien. Tout cela, fantaisies charmantes, amères pourtant, grinçantes. Retour. Stop.
jeudi 28 octobre 2010
Pas mal du tout. Je me demande si j'aurai mieux fait. Pourquoi se casser la tête ? La simploicité donne d'excellents résultats.
jeudi 17 juin 2010
jeudi 13 mai 2010
Mes lunettes sont mon plus fidèle compagnon, depuis fort longtemps, le premier que je retrouve le matin au réveil et le dernier que je quitte le soir (en tout cas, quand je dors seul). J’ai toujours craint que le pire malheur qui puisse m’arriver serait de ne plus voir.
Après des années de lunettes insipides et incolores, j’ai choisi, il y a vingt ans, à une période de grands changements pour moi, des lunettes rouges, que je ne peux plus abandonner aujourd’hui, sauf à refaire ma vie aux antipodes.
Après des années de lunettes insipides et incolores, j’ai choisi, il y a vingt ans, à une période de grands changements pour moi, des lunettes rouges, que je ne peux plus abandonner aujourd’hui, sauf à refaire ma vie aux antipodes.
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